C'est le dernier acte d'un feuilleton ouvert depuis plus d'un an.
Bernard Chaussegros a adressé par courriel ce mercredi matin 4 juin à la
maire d'Avignon, Cécile Helle, et au président de l'agglomération du
Grand Avignon, sa démission de ses mandats respectifs de conseiller
municipal et de délégué communautaire.
Documents officieux
Son départ est à l'image d'une campagne électorale abracadantesque qui a
torpillé la droite dans des luttes d'ego et des manœuvres d'appareil.
L'ancienne tête de liste de l'UMP a préféré jeter l'éponge que de
continuer à ferrailler. Il invoque officiellement des raisons d'agenda
professionnel, mais officieusement il avait aussi eu vent que des
documents ayant trait au financement de sa campagne avaient fuité.
Dépassement des coûts de campagne
L'association qui gérait les dépenses du candidat UMP a déposé le
vendredi 30 mai dernier, le détail des 147.000 euros de factures,
ventilés entre 180 et 200 chèques" précise son trésorier et mandataire,
Jean-Pierre Bonnifay, le montant total autorisé à la Commission
nationale des comptes de campagne et des financements politiques.
Bizarrement dans deux courriels envoyés à des membres de son équipe,
Bernard Chaussegros, affirme que le coût réel explose le plafond légal
autorisé :
"Pour rappel cette campagne me coûte 250 000 euros, le
remboursement partiel me fera perdre en net plus de 175 000 euros".
Des factures réglées par diverses sociétés
A l'arrivée, la note pourrait être encore plus salée. Pas sûr que la
Commission rembourse en partie les frais déclarés. Dans des tableaux
excels, Bernard Chaussegros énumère par ailleurs, sous le chapitre
"réglé par mes structures" des factures que les magistrats pourraient
estimer directement liées à la campagne.
Notamment la mission
avignonnaise d'un haut cadre, envoyé par l'UMP Paris, présenté comme un
proche de Jean-François Copé, qui a laissé à des colistiers le souvenir
d'un pompier pyromane, le tout pour 9200 euros (7000 euros d'honoraires +
2 200 euros de frais).
100.000 euros payés hors association, 26 100 euros en espèces
Bernard Chaussegros ajoute également les factures de sociétés de
création de site numérique (3 851 euros), de conseils (1047 euros + 4
934 euros) de billets de trains TGV ( 5 629 euros), des parts prises
dans des clubs sportifs Avignonnais, pour un total global de 99 966
euros, payés hors association sans compter les règlements pointés en
"espèces" à du personnel employé pour la campagne, dont son chauffeur (9
000 euros), ou un collaborateur à la permanence, (2 600 euros)...Total
du cash 26 100 euros !
Philippe Marcucci réagit
Interrogé, Bernard Chaussegros, ne dément pas l'authenticité de tels
documents.
Au bord du "nervous breakdown", il se dit "écoeuré" et
"dégoûté" de ce nouveau coup de poignard dont le manche ne peut être
tenu, est-il persuadé, que par des proches de son camp. "Je suis
extrêmement perplexe", déclare son directeur de campagne Philippe
Marcucci, qui devrait lui succéder au Grand Avignon, et dont l'épouse
était présidente de l'association de financement de campagne. "Pour moi
tous les gens qui gravitaient autour de nous pour nous donner un coup de
pouce, étaient là par amitié. Je ne vois pas à quoi cette terrible
explosion des comptes aurait servi. Je ne crois pas non plus à une
manipulation.Y-a-t-il eu confusion entre ces dépenses électorales et
personnelles ? Il va falloir qu'on rame derrière pour retrouver de la
crédibilité. Ça va être terriblement compliqué".
Une addition finale encore plus salée
L'ancien responsable de la campagne, conclut par une remarque qui tue :
"si j'avais besoin de faire une comptabilité occulte, elle serait dans
ma tête".
Lassé d'être guignolisé et de se trouver tourner en dérision,
Bernard Chaussegros peut se mordre les doigts, ou ce qu'il en reste. Sa
démission ne change rien au problème, si ses comptes de campagne sont
rejetés, et qu'il est déclaré inéligible, il lui faudra rajouter 70.000
euros à l'addition finale, car la commission remboursera un peu moins
que la moitié du plafond des dépenses. C'est cher payé l'investiture UMP
et le parachutage. En espérant que la chute ne soit pas encore plus
dure.
Un point commun partagé avec Nanard
Un natif de Pertuis, naïf et malhabile qui atterrit en terra incognita
reste un parigot dans un marigot. "Je ne me compare pas à Tapie, souffle
Bernard Chaussegros, mais comme lui je dis "que je ne ferai jamais plus
de politique". Cette fois on peut croire sur parole le Nanard local.""