OUVRIR LES YEUX

« En France, on laisse en repos ceux qui mettent le feu, et on persécute ceux qui sonnent le tocsin. » Chamfort

mardi 15 mars 2016

Honte à ceux qui ont couvert le Maire Adlphe au nom de l'interet supérieur de Carpentras, Mme Bosserai, elle, a eu le courage de vouloir faire tomber le masque..sans succès puique le Maire a étè réelu en plus grâce à l' UMP

"""Francis,

Parmi tes élus, c’est la fidèle d’entre les fidèles qui t’écrit aujourd’hui, celle qui a cru en toi, plus que quiconque, et qui t’a soutenu de manière inconditionnelle. Cette Mairie a été une expérience merveilleuse, ça a été un immense honneur d’être élus par nos concitoyens et j’ai essayé d’y répondre le mieux possible, en faisant de notre action municipale ma priorité numéro un, négligeant tout le reste.. Je l’ai fait au nom des valeurs qui étaient les miennes, mais il est évident qu’au fil des années, et surtout pendant les deux dernières, ces valeurs ont été de moins en moins partagées par toi. Je t’ai vu glisser subtilement vers de plus en plus de compromissions, chaque fois au nom du « pragmatisme » politique, m’assurant que c’était uniquement pour gagner les élections face à nos ennemis. Pendant les deux dernières années, quand je t’ai vu dériver peu à peu dans tes convictions, chaque fois je t’ai trouvé des excuses, le travail, la pression, pour éviter de reconnaître que tu te reniais de plus en plus. Ton attitude ces derniers temps a fait tomber le masque. Je suis consternée quand je vois ce que notre équipe est devenue au fil du mandat : nous étions 25 au départ, pleins d’enthousiasme. Aujourd’hui il n’en reste qu’une dizaine, que tu charges de fliquer les sortants à chaque manifestation pour être sûr qu’aucune parole dissidente ne viendra gâcher le tableau. Quelle triste fin … A chaque fois, tu as divisé pour mieux régner et cela t’a certes permis de neutraliser un ou des élus ciblés. Mais c’est une victoire à la Pyrrhus, car tu laisses derrière toi une équipe en lambeaux, où les élus se méfient les uns des autres. Es-tu le rassembleur que tu disais être ?  Mon éloignement de la Mairie ces deux derniers mois a libéré la parole autour de moi et on me confie maintenant des informations sur les pressions que tu exerces ou que tu as exercées pour parvenir chaque fois à tes fins. Le tableau n’est pas brillant et j’ai malheureusement découvert que tu pouvais mentir et trahir sans le moindre scrupule, avec une désinvolture incroyable. J’étais décidée à m’effacer complètement pendant cette période, afin de ne pas troubler les débats. Mais il y a un élément, qui m’implique personnellement, que je  refuse d’occulter encore, parce que les conséquences ont été trop graves et il s’agit de mon attitude dans l’affaire Faryssy.
J’ai eu du mal à franchir le pas parce qu’il est toujours douloureux de se rebeller contre les siens. Sais-tu ce qui m’a décidée ? Ta malhonnêteté lors du débat télévisé, quand tu as montré le classement sans suite du procureur, l’air satisfait, alors que tu l’as obtenu en réduisant tout le premier étage au silence et en nous demandant à tous de mentir pour te couvrir.
Tu as terminé ton intervention sur le sujet en lançant à Farid, un peu hors micro, « Il faut croire en la justice, Monsieur Faryssy ! ».  Et tu vois, cela a été pour moi la phrase de trop, celle qui prouvait tout ton cynisme.  C’est une justice que tu as contournée, en manipulant élus et personnel municipal. Tu as été condamné par cette même justice pour coups et blessures sur ton ex femme en début de mandat : et toi, crois-tu en la justice quand elle te concerne ?
Pour justifier le nécessaire renvoi de Farid, tu m’as dressé un tableau terrifiant. Pour me convaincre de l’éliminer avec perte et fracas de la Mairie, il fallait du lourd. Te souviens-tu des arguments de l’époque ? Farid, tu venais de le découvrir, était impliqué dans un trafic de drogue, avec ses contacts dans la cité dont il était issu et les délinquants qui étaient ses clients. Il préparait des opérations immobilières malhonnêtes que tu essayais de bloquer. La police menait des enquêtes à son sujet et sa mise en examen était imminente, ce n’était qu’une question de semaines, voire de jours. Il a racheté une deuxième maison avant d’avoir vendu la première, il s’en fait construire une troisième au Maroc, il vient de s’acheter un super 4x4, avec un seul salaire de 2000 € à la mairie et un cabinet qui ne tourne plus, comment crois-tu qu’il peut faire, Laurence ? Seuls ses revenus illicites lui permettaient de mener grand train. C’est quand je l’ai mis au pied du mur qu’il m’a regardé avec un sourire narquois et que j’ai pété un câble, je me suis jeté sur lui, car il nous mettait tous en danger. Et je t’ai cru, Francis. Et je t’ai couvert, comme les autres, à qui tu as demandé le même service, au nom de la protection de la Mairie. Parce que j’aimais passionnément cette Mairie et que l’intégrité et l’exemplarité de l’élu sont pour moi des dogmes absolus, auxquels on ne déroge sous aucun prétexte, une véritable obsession pour moi, tu le sais bien et tu avais bien choisi tes arguments. Il fallait t’aider à évacuer celui qui allait jeter l’opprobre et le scandale sur nous tous et discréditer notre action politique. Bien sûr que je l’ai fait, tu as agité le chiffon rouge et j’ai foncé. L’affaire paraissait certes énorme, mais il me paraissait bien plus énorme encore que tu me mentes et que tu me manipules, toi, mon mentor, mon meilleur ami, mon frère. On a viré Farid et il a disparu de nos vies, je n’ai plus jamais pensé à lui. Jusqu’à la mi-janvier de cette année, où une conversation avec un ami à moi, une connaissance de Farid, m’a appris qu’il se débattait encore aujourd’hui dans de grandes difficultés financières. Et l’affaire a refait surface, brutalement : comment pouvait-il ne pas s’en sortir, avec tout l’argent de ses trafics ? Et la fameuse arrestation imminente, qu’était-elle devenue ? Rien. Curieusement, après le classement sans suite du procureur, tout cela a fondu comme neige au soleil. J’ai repensé à tout cela et j’ai eu honte de ce que j’avais fait. J’ignore si cette lettre pourra porter quelque réparation, il est sans doute trop tard, mais je ne me tairai pas une seconde fois.
Chaque fois, tu évoques la protection du Maire, mais c’est en fait la protection de ta personne que tu demandes, quitte à utiliser les gens qui croient en toi. Un mois après Farid, c’est moi qui ai dû retirer une plainte gênante pour toi et en subir les conséquences, heureusement dérisoires au regard de ce qu’ont vécu d’autres personnes. Ton fonctionnement ne marche que parce que chaque élu croit qu’il s’agit d’une circonstance isolée et qu’il agit pour le bien de tous. Sauf que tu n’es pas au dessus de la mêlée, mais au dessus de nous, à manœuvrer les fils. Et c’est toujours le même schéma : tu demandes à un élu d’agir ou de répondre à ta place, pour ne pas être en première ligne. Et on organise une rescousse « spontanée » qui te permet de rester en retrait. Avant on utilisait cette technique contre l’opposition. Maintenant c’est la même technique que tu utilises contre ton propre camp. Ces deniers temps, je lisais Angelo chargé de répondre à Carole quand elle s’insurge contre l’expression « cette pute de carole » que tu utilises à son encontre. Très habile, comme d’habitude : Angelo est un gars sympa sur qui personne n’a envie de taper. Et tu as obtenu ce que tu voulais, en deux mails, l’affaire a été réglée. Maintenant, ton entourage va devoir prouver sa loyauté en me démolissant. Tu vas leur demander de me discréditer, de me salir, au nom de la protection de la mairie, une fois de plus,  car je deviens l’ennemi à abattre : qu’ils le fassent. J’attends de voir qui sera le porte flingue chargé de me descendre. Peut-être une action collective : l’effet de groupe aidant, on se sent chacun un peu moins responsable. A moins d’utiliser la calomnie, la tâche s’annonce ardue. Que va-t’on me reprocher ? Le travail ? Je me suis épuisée pendant 6 ans, par amour pour cette mairie, avec un service énorme et délicat, en cumulant 2 boulots et  une gamine de 2 ans que j’élevais seule. La loyauté ? J’ai été d’une loyauté sans faille, dans les bons et les mauvais moments, aussi bien sur le plan politique que personnel. L’intégrité ? Elle est connue de tous, on ne peut me reprocher le moindre intérêt personnel, la moindre compromission financière. Pendant 6 ans, j’ai payé de ma poche toutes mes fournitures pour ne rien coûter, je n’ai jamais demandé la moindre formation, le moindre remboursement de frais, même pour aller représenter la Mairie en Italie, achetant sur mes deniers les cadeaux aux officiels. Epargne-moi en tout cas le prêchi-prêcha paternaliste (ma petite laurence, tu me déçois beaucoup, quel comportement indigne et irresponsable etc …) et le chantage affectif (c’est un homme au cœur brisé qui te parle) : tu me l’as servi à chacune de nos ruptures pendant 4 ans et là aussi, le refrain a fait long feu..Evite la tentation de me faire passer pour la pauvre fille dépitée par un chagrin d’amour : je serais obligée de sortir notre correspondance intime pour montrer qui suppliait qui de le reprendre et tu serais ridicule. Il ne te reste plus qu’à me dépeindre en élue évincée et aigrie, boursouflée d’amertume. Quel manque de chance ! Après ma colère du premier soir, en constatant ta lâcheté et la pauvreté des arguments pour me virer, j’ai ressenti dès le lendemain un immense soulagement. La situation grotesque des derniers mois prenait fin et cela a été une véritable délivrance. J’éprouvais par contre un véritable déchirement à l’idée de quitter les personnes de mon service, la seule raison en fait que j’avais de continuer cette vie de fou , mais là aussi elles ont été merveilleuses et je me suis rendue compte que les liens d’estime et d’amitié que j’ai tissés avec elles ne disparaitront pas avec la fin de mon mandat. Après 6 années où je n’ai vécu que pour cette Mairie, j’ai enfin retrouvé une vie de femme et de mère, épanouie comme je ne l’étais plus depuis longtemps. Je me suis également réinvestie complètement dans mon métier, et je suis redevenue la prof  rigoureuse que j’étais avant l’élection.  Je me sens enfin d’équerre, parce que j’adorais la Mairie mais je n’avais plus confiance en toi. Je ne croyais plus en notre chef. Tu descendais en flèche tous tes élus, à part Serge, et surtout les fonctionnaires ou les simples salariés, « qui ont un salaire qui tombe tout cuit à la fin du mois », ces puceaux de la vie, pour reprendre ton expression. Cela nous a valu des disputes féroces. Tu te flattais de connaître tous leurs secrets et  ceux qui travaillent encore pour ta réélection seraient sidérés d’apprendre ce que tu penses vraiment d’eux. En tant que compagne, j’ai mis un point d’honneur à séparer mes rôles et je n’en ai rien dit. Rassure-toi, je vais continuer, pas pour t’épargner, mais par respect pour eux, qui sont pour la plupart des gens bien, qui ne méritaient pas le dixième de ton mépris.
J’ai surtout assisté à ta métamorphose : tu es devenu un politique, un vrai de vrai. Aujourd’hui, tu es la caricature de ces politiques dont tu te gaussais au début de ton mandat : tu réponds, tel un automate, avec des phrases toutes faites, tirées d’un argumentaire préparé, avec des réflexes quasi pavloviens, quel que soit ton interlocuteur, affirmant tout et son contraire, sans complexe. Mais plus grave encore, tu as érigé le cynisme en preuve d’intelligence et de pragmatisme. Je ne te reconnais plus, Francis et je me demande où est passé l’homme que j’admirais en 2008. Il ya 6 ans, j’ai connu un homme sincère et enthousiaste, qui m’a donné envie de faire de la politique, parce que, nous, nous étions honnêtes, nous, nous étions différents. J’ai découvert ces dernières années que tu n’étais pas en cohérence avec les valeurs de gauche que tu prônais. A l’époque, j’aurais donné mes deux mains à couper si on avait mis en doute ton intégrité. Aujourd’hui, mes deux mains je les garde prudemment dans mes poches parce que j’en ai besoin pour travailler. Je ne te souhaite pas bonne chance pour les élections, comme tu l’as compris tu n’auras pas mes suffrages …. Quel que soit le candidat élu, je sais que je n’aurai de toute façon aucune valeur commune  avec lui.  La seule différence, c’est que pour les autres, je le savais déjà. Le découvrir pour toi aura été pour moi une déception humaine sans nom.
Laurence"""

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