Colonel à la retraite

Les mouches commenceraient-elles à changer d’âne ? On peut se poser la question après l’interview de Jean-Vincent Placé (JVP), lundi, sur France Info. À cette question posée par un journaliste : « Vous êtes un nouveau centriste ? », il a répondu sans détour : « Je vais même dire la vérité [prière de ne pas douter], je l’ai toujours été mais peut-être moins assumé. » « Oh, le coming-out ! » d’ajouter, presque complice – on est entre soi à France Info -, l’un des journalistes présents. Très tendance, le coming-out : l’assurance de faire le buzz pendant au moins deux jours.
Ainsi, après avoir coché la case tant désirée, espérée, convoitée, rêvée, négociée de MINISTRE – bon, on ne va pas chipoter : on dit M. le Ministre à un secrétaire d’État -, M. Placé, tel le cavalier à son parcours, regarde déjà l’obstacle suivant alors qu’il a à peine franchi le premier. Et le prochain obstacle, il faut bien reconnaître, il se présente assez mal.
Certes, se retrouver embarqué sur ce vaisseau fantôme – qui se révèle, avouons-le, une véritable prouesse technologique puisqu’il concentre en lui toutes les qualités du Titanic, du radeau de La Méduse, du Bounty et du Petit Baigneur, présente indéniablement un côté exaltant, voire aventurier mais aussi aventureux. Et JVP, son truc à lui, ce n’est pas trop l’aventure. Toujours élu sur un scrutin de liste, le collectif, c’est bien mais à condition que cela n’aille pas trop loin. En tout cas pas jusqu’au suicide collectif, genre ordre du Temple solaire.
Avoir galéré si longtemps pour un pauvre CDD de 14 mois et, au final, se retrouver en rade au printemps 2017, non vraiment, ce serait trop bête ! Du coup, conscient qu’il ne pèse que de son propre poids – ce qui est déjà pas mal en soi – et sachant parfaitement soupeser les rapports de force, en bon politicien qu’il est, JVP s’avoue centriste tout de go. Une sorte de révélation. Pour Paul, se fut sur le chemin de Damas, pour Claudel contre un pilier de Notre-Dame et pour le commissaire Bourrel sous la lampe du commissariat. JVP, c’est à France Info qu’il a eu sa révélation. Je suis centriste ! Voilà ma gloire. Mon espérance et mon soutien. Mon chant d’amour et de victoire !