Un homme est mort

Par Modérato


On m’a raconté cette étonnante histoire.
Est-elle vraie ?

Un homme est mort, un soir de semaine, près la mairie de notre ville. C’était un notable je crois, un homme respecté. On dit qu’il a été assassiné.

Les Pompiers et les policiers sont arrivés presque ensemble sur les lieux du drame. Le maire, une femme élue et son premier adjoint étaient déjà là. La femme a fait des premiers gestes de secours. Les pompiers ont ensuite tenté de sauver l’homme.
Le maire a serré des mains et a embrassé certains badauds.
Pourquoi saluer les badauds lorsqu’un homme, au sol, est mort ou en train de mourir?
Ne faut-il pas, plutôt, une dignité réservée face à l’incompréhensible ?

Les policiers ont bouclé le passage de la rue en face de la mairie, parlé avec quelques personnes et ont pris des photographies. L’enquête commençait.

Le maire a dit aux badauds qu’il ne connaissait pas : « partez d’ici, partez ! »

Une voiture avec des jeunes s’est arrêtée devant les pompiers, la police, les badauds, le maire, son premier adjoint et la femme élue. La musique était « à fond » dans la voiture, les jeunes ricanaient, parlaient fort avec un accent certain. Ils sont restés quelques minutes, toujours bruyants et insolents, et personne n’a rien dit. Ils ont continué, ensuite, leur périple vulgaire dans notre ville en laissant la musique toujours « à fond ».

Sommes nous choqués par cette triste scène dans notre ville? Est-elle banale ou extraordinaire ? N’y a-t-il pas plusieurs choses qui choquent dans cette scène, plusieurs aspects du caractère des hommes ?
Qui ne tient pas son rôle et qui le tient ?

Un homme est mort, cette semaine, dans notre cité.
Assassiné.

Que la lumière soit faite sur ce meurtre en pleine rue. Que les auteurs soient punis, cela va de soi.

Mais surtout, que les hommes restent dignes face à la mort, responsables, quelles qu’en soient les circonstances, et de qui que ce soit.